A l’occasion d’un livre antérieur inspiré par les montres Richard Mille, Alain Borer soulignait que « c’est le concept qui impose les composants et non l’inverse » dans ces montres qu’il qualifiait « d’œuvres d’art futuristes de très haute technologie » fruits de « milliers d’heures de rechercheen ingénierie ».
Il n’était donc pas déplacé de songer à un second ouvrage, moins littéraire, qui réfléchirait à la création technoscientifique à partir d’une perspective plus philosophique.
Le présent essai, en marge de la galerie de photographies qui montrent des éléments et des individus techniques ainsi que des artisans experts oeuvrant à la création de garde-temps de haute technicité, entreprend une réflexion sur les objets techniques et la technique en général.
La philosophie des techniques constitue un chapitre méconnu, voire méprisé, de la philosophie.
Un nom y émerge en France : Gilbert Simondon, dont la pensée nous a paru appropriée à l’éclairage de plusieurs aspects du rapport à la technique illustré dans ce livre. Nous l’avons complété par une réflexion philosophique sur les technosciences, attentive aux évolutions du tournant du millénaire. Les objets techniques présentés dans ce livre - les montres Richard Mille - illustrent plusieurs caractères mis en évidence par nos analyses. Très mécaniques, ils reflètent clairement l’âge moderne de la technique. Mais une modernité transfigurée par l’idéal technoesthétique et qui n’a pas oublié les vertus artisanales également chères à Simondon : le choix unique des matériaux - nobles , la singularité créatrice du tour de main personnel , le suivi soigneux de la croissance de chaque individu technique par les individus humains. Technoesthétique, technoévolution et technopoïèse sont des notions simondoniennes applicables à ces objets nés de recherches et d’expérimentations créatrices risquées où ce souci est essentiel : solliciter toutes les ressources de la science et de l’art pour créer l’individu nouveau le mieux intégré, le plus accompli, le plus autonome et le plus performant, et trouvant sa niche dans un environnement humain et technique très complexe et mobile.
L’individu est omniprésent : ces montres sont des individus techniques créés et produits par des individus humains et destinés à des individus privilégiés qu’elles accompagneront tout au long de la vie. Les « temps modernes » ont exigé un temps commun et public, accessible à tous, à tout moment, de n’importe quel lieu. Avec la montre personnelle, chacun a acquis cet accès au temps universel : une objectivité temporelle conventionnellement et techniquement instituée.
Cette temporalité moderne a permis à l’industrie de produire, aux trains de circuler, au télégraphe et téléphone de prospérer. Aujourd’hui, ce sont les avions, les ordinateurs, toutes les fonctions sociales et technologiques qui dépendent de la précision chronométrique globale. Celle-ci joue un rôle déterminant dans la mondialisation.
L’intégration de notre planète multiculturelle, la circulation des biens et des personnes, sont dépendantes de l’omniprésence des garde-temps synchronisés en temps réel. Il suffit de se souvenir de l’angoisse apocalyptique du « bogue » de l’an 2000 qui allait précipiter dans le chaos le monde moderne : c’était une affaire d’ajustement d’horloges d’ordinateurs gérant les systèmes techno-sociaux - du paiement des salaires à la navigation aérienne - hors desquels notre forme de vie actuelle ne peut plus se poursuivre.
Mars 2010.
192 Pages • ill. couleur
Format : 29 x 34 cm.
Prix : CHF 135.00 • € 100.00
Il n’était donc pas déplacé de songer à un second ouvrage, moins littéraire, qui réfléchirait à la création technoscientifique à partir d’une perspective plus philosophique.
Le présent essai, en marge de la galerie de photographies qui montrent des éléments et des individus techniques ainsi que des artisans experts oeuvrant à la création de garde-temps de haute technicité, entreprend une réflexion sur les objets techniques et la technique en général.
La philosophie des techniques constitue un chapitre méconnu, voire méprisé, de la philosophie.
Un nom y émerge en France : Gilbert Simondon, dont la pensée nous a paru appropriée à l’éclairage de plusieurs aspects du rapport à la technique illustré dans ce livre. Nous l’avons complété par une réflexion philosophique sur les technosciences, attentive aux évolutions du tournant du millénaire. Les objets techniques présentés dans ce livre - les montres Richard Mille - illustrent plusieurs caractères mis en évidence par nos analyses. Très mécaniques, ils reflètent clairement l’âge moderne de la technique. Mais une modernité transfigurée par l’idéal technoesthétique et qui n’a pas oublié les vertus artisanales également chères à Simondon : le choix unique des matériaux - nobles , la singularité créatrice du tour de main personnel , le suivi soigneux de la croissance de chaque individu technique par les individus humains. Technoesthétique, technoévolution et technopoïèse sont des notions simondoniennes applicables à ces objets nés de recherches et d’expérimentations créatrices risquées où ce souci est essentiel : solliciter toutes les ressources de la science et de l’art pour créer l’individu nouveau le mieux intégré, le plus accompli, le plus autonome et le plus performant, et trouvant sa niche dans un environnement humain et technique très complexe et mobile.
L’individu est omniprésent : ces montres sont des individus techniques créés et produits par des individus humains et destinés à des individus privilégiés qu’elles accompagneront tout au long de la vie. Les « temps modernes » ont exigé un temps commun et public, accessible à tous, à tout moment, de n’importe quel lieu. Avec la montre personnelle, chacun a acquis cet accès au temps universel : une objectivité temporelle conventionnellement et techniquement instituée.
Cette temporalité moderne a permis à l’industrie de produire, aux trains de circuler, au télégraphe et téléphone de prospérer. Aujourd’hui, ce sont les avions, les ordinateurs, toutes les fonctions sociales et technologiques qui dépendent de la précision chronométrique globale. Celle-ci joue un rôle déterminant dans la mondialisation.
L’intégration de notre planète multiculturelle, la circulation des biens et des personnes, sont dépendantes de l’omniprésence des garde-temps synchronisés en temps réel. Il suffit de se souvenir de l’angoisse apocalyptique du « bogue » de l’an 2000 qui allait précipiter dans le chaos le monde moderne : c’était une affaire d’ajustement d’horloges d’ordinateurs gérant les systèmes techno-sociaux - du paiement des salaires à la navigation aérienne - hors desquels notre forme de vie actuelle ne peut plus se poursuivre.
Mars 2010.
192 Pages • ill. couleur
Format : 29 x 34 cm.
Prix : CHF 135.00 • € 100.00